Personne n’a oublié l’incroyable numéro comique et acrobatique « make’em laugh » dansé par Donald O’Connor dans Chantons sous la pluie, la comédie musicale la plus célèbre et la plus aimée de l’histoire du cinéma. Pour tous les aficionados du musical de l’âge d’or, voici le portait de Mr O’Connor.
Enfant de la balle, Donald O’Connor rejoint tout petit ses parents et frères et soeurs dans les cirques où ceux-ci se produisent. Il perd son père à l’âge de 3 ans. Après des débuts à l’écran à 12 ans dans un numéro dansé avec ses deux frères (l’un d’eux mourra peu après de la scarlatine), le jeune Donald incarne le jeune frère de Bing Crosby et de Fred Mac Murray dans Bébés turbulents. Le coté effronté et débonnaire du gamin à la bouille criblée de taches de rousseur éclate à l’écran et le trio qu’il forme avec les deux célèbres acteurs est vraiment sympathique (notamment quand ils entonnent ensemble l’entraînant pocketfull of dreams » et que Donald danse les claquettes avec son petit accordéon.
Après sur les pointes (1939) , un musical situé dans le milieu de la danse classique avec la ballerine Vera Zorina, Donald est relégué aux comédies musicales de série B produites à la pelle par l’Universal. Il s’agit de films pour la jeunesse, calqués sur les succès MGM de Mickey Rooney et Judy Garland, avec bien moins d’idée et un budget des plus minces. Impossible de se faire une opinion sur ces films jamais rediffusés, et indisponibles en DVDs : Les intrigues étaient basiques : Comme Mickey Rooney dans place au rythme ou débuts à Broadway, Donald essayait de monter un spectacle avec l’aide de la délurée Peggy Ryan, une bonne danseuse dotée d’un réel talent pour la comédie et de Gloria Jean, la fille « sérieuse », la Deanna Durbin du pauvre (à laquelle succèdera la débutante Ann Blyth).
Au retour du service militaire, la firme Universal tente de distribuer Donald, devenu adulte, dans des films à plus gros budget (la firme qui vient de changer de direction décide en effet de réduire la production des séries Z). Dans Chansons dans le vent (1947), Donald recueille de meilleurs critiques que sa partenaire Deanna Durbin, en fin de carrière et danse le charleston dans « Yes sir that’s my baby » avec Gloria de Haven (1949). C’est alors qu’il entame le tournage de la très lucrative série comique « Francis le mulet qui parle ». J’imagine que ça ne devait pas être très puissant, mais pour le talent loufoque de Donald et par curiosité, cela m’amuserait d’en regarder un épisode.
En 1952, Donald O’Connor est engagé par Gene Kelly pour le film qui fera sa gloire : le fameux Chantons sous la pluie (à l’origine, le rôle était prévu pour Oscar Levant !). Les numéros dansés « Good morning » avec Gene et Debbie Reynolds, et bien évidemment le fantastique et acrobatique « make’em laugh » (si éprouvant à tourner, qu’il gardera le lit plus de 3 jours) sont dans la mémoire de tout cinéphile. Le numéro « make'em laugh » dont la musique est largement pompée sur le be a clown dansé par Les Nicholas Brothers dans Le Pirate, permet à Donald de proposer au public un florilège des acrobaties et grimaces qu’il a appris pendant son enfance de saltimbanque. On notera qu’en dépit de la célébrité que Donald a retiré du film, il n’a pas gardé un bon souvenir de Gene Kelly qu’il trouvait trop tyranique sur le plateau « il n’est pas facile de travailler avec un génie ».
Après ce triomphe, Donald va retrouver sa partenaire la mignonne Debbie Reynolds pour un petit musical sympa (Cupidon photographe, nettement moins ambitieux, mais pas du tout désagréable pour autant.)
Après chantons sous la pluie, call me madam (1953) est probablement le meilleur musical de Donald. C’est vraiment un film festif et enthousiasmant, que la télé devrait proposer pour les périodes de fête. Les ballets dansés avec Vera Ellen sont superbes et somptueusement mis en scène (il déclara par la suite qu’elle fut sa meilleure partenaire, avec Peggy Ryan). Son interprétation de la délicieuse chanson « you’just in love » avec l’épatante Ethel Merman (qui vole la vedette à tous les comédiens) des plus réjouissantes.
En 1954, Donald retrouve Ethel pour la joyeuse parade (1954), hommage aux chansons d’Irving Berlin. Une superproduction aux opulents numéros musicaux reliés par une intrigue parfois un peu larmoyante. Donald forme un curieux couple avec Marilyn Monroe, dont c’est sans doute l’un des films les plus oubliés. La même année, une pneumonie l’oblige à renoncer à Noël blanc (Danny Kaye le remplacera).
En 1955, Donald décide d’arrêter la série des Francis (parallèlement aux prestigieux musicals précités, il continuait de jouer chaque année dans un film de la série) en indiquant avec humour qu’il faut s’avoir s’arrêter quand on a tourné 6 films et que la mule reçoit plus de courriers d’admirateurs que vous.
Alors que le musical américain brille de ses derniers feux, Donald joue dans Quadrille d’amour (1956) avec Bing Crosby et Zizi Jeanmaire. Un bon musical à l’ancienne, dans lequel il danse avec la délicieuse Mitzi Gaynor.
Ensuite, il est bien obligé de se contenter de films non musicaux comme une biographie de Buster Keaton (1957), que je n’ai pas vu (compte tenu de son physique lunaire, je l’aurais mieux vu dans une bio d’Harry Langdon) ou l’ennuyeuse comédie « That funny feeling 1965» avec Bobby Darin et Sandra Dee, une resucée des comédies coquines de Doris Day-Rock Hudson en moins bien). Il se tourne aussi vers la télé (l’île fantastique, hôtel, arabesque) et la scène (shows avec sa collègue Debbie Reynolds, tournée dans Show Boat). Plus récemment, on a pu le revoir sur grand écran en prof de danse dans ragtime (1981) de Milos Forman, un excellent film ou la très charmante comédie « la croisière aventureuse » avec Jack Lemmon et Walter Matthau, dans lequel il nous propose encore un numéro de danse et retrouve sa ancienne partenaire de l’écran, Gloria de Haven, encore très jolie.
Les dernières années de sa vie, de gros problèmes de santé l’obligeront à ralentir ses activités et annuler des représentations. En 1994, il échappa de peu à un tremblement de terre que faillit faire glisser sa maison dans un précipice.
Donald O’Connor est décédé en septembre 2003 et laisse 4 enfants.
Comme il le disait « il est né et a été élevé pour distraire le public » : mission parfaitement accomplie.